Le peuplier, souvent associé à la production de bois d’industrie, se distingue comme une solution pertinente face aux enjeux actuels de transition énergétique et de séquestration carbone. En explorant son potentiel en biomasse et son intégration dans les stratégies agricoles contemporaines, cette essence traditionnelle offre des perspectives intéressantes pour répondre à des besoins croissants en ressources renouvelables.
Un bois majoritairement destiné à l’industrie
Avec 200 000 hectares, la France est le premier pays producteur de peupliers en Europe, devançant l’Espagne (81 000 ha), l’Italie (46 000 ha) et la Belgique (35 000 ha). Les régions Hauts-de-France et Grand Est constituent un bassin de production de première importance.
Un bois majoritairement destiné à l’industrie
Actuellement, près de 90 % du bois de peuplier est destiné au déroulage et au sciage, principalement pour des usages industriels comme la fabrication de contreplaqués, d’emballages ou de meubles. Avec une stère de peuplier évaluée à 90-100 €/m³ sur pied en fin 2024 (les meilleurs lots atteignant 120 €/m³), la rentabilité économique de cette essence reste notable. Sur un cycle de 15 à 20 ans, un hectare de peupliers produit en moyenne 220 m³, générant un chiffre d’affaires potentiel compris entre 19 800 € et 22 000 € par hectare.
Les crédits carbone : un levier économique pour le boisement
Le peuplier bénéficie également d’un soutien indirect par le biais des crédits carbone, qui peuvent couvrir jusqu’à 90 % des coûts d’installation et d’entretien durant les cinq premières années. Toutefois, ces aides sont exclusivement réservées aux bois destinés à l’industrie. De plus, elles sont uniquement disponibles pour les projets de premier boisement, à condition que les plants soient issus de la liste MFR (Matériaux Forestières Régionalisée) et que la surface boisée atteigne au moins 0,5 hectare. La liste MFR régionalisée peut être consultée sur le site officiel : Liste MFR – Ministère de l’Agriculture. Le caractère durable du projet est également garanti par l’engagement à maintenir le boisement sur une durée minimale de 30 ans, même en cas de coupe intermédiaire. En outre, un hectare de peupliers peut capturer théoriquement entre 10 et 15 tonnes de CO₂ par an, faisant de cette essence un levier efficace pour la séquestration carbone sur la durée du projet.
Un contexte régional tendu
En région Hauts-de-France, un professionnel du secteur alerte sur une probable pénurie de peupliers dans les quatre à cinq ans à venir. Cette tension s’explique par une baisse des plantations combinée à une demande soutenue de l’industrie. Cette situation appelle à une mobilisation accrue des acteurs agricoles et forestiers pour relancer cette culture.
Une réponse aux défis écologiques et énergétiques
Le peuplier offre plusieurs avantages stratégiques. En tant que culture pérenne, il participe à la séquestration du carbone et contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De plus, sa capacité à produire une biomasse importante en un cycle relativement court (15 à 20 ans) en fait une ressource de choix pour développer des bioénergies ou des biomatériaux.
En intégrant cette culture dans les systèmes agricoles, les exploitants peuvent diversifier leurs revenus tout en contribuant aux objectifs nationaux de décarbonation. Les crédits carbone, bien que restrictifs, renforcent l’attractivité économique du peuplier, notamment dans un cadre de premier boisement.
Conclusion
Le peuplier, par son cycle rapide et son aptitude à répondre aux besoins industriels et écologiques, se positionne comme une culture stratégique pour les décennies à venir. En adaptant les stratégies agricoles pour favoriser cette essence, il est possible de conjuguer rentabilité économique, transition énergétique et lutte contre le changement climatique. Pour éviter une pénurie annoncée, une mobilisation rapide des acteurs et des politiques publiques s’avère essentielle.